Sur la voie du Mont-Blanc Express

2012.01.30 Le bout du tunnel pour la modernisation du Mont-Blanc Express

Le Mont-Blanc Express semble sortie de la tempête économico-politique qui a faillit freiner pour longtemps son développement.

 

Après les tergiversations de RFF en octobre 2011 et la montée au créneau de l’édile chamoniard Eric Fournier, bien des événements ont eu lieu et l’heure est aujourd’hui à l’apaisement. Les travaux de modernisation vont bel et bien débuter dès la mi-avril 2012.

 

Cette victoire pour les collectivités de la région du Mont-Blanc mais aussi des cheminots de la ligne et des usagers n’aura pas été sans douleur et un suspense à rebondissements.

 

Négociations ardues à Paris

Le 23 novembre dernier, Eric Fournier est donc monté à Paris en compagnie entre-autres du Préfet de Haute-Savoie Mr Carenco, de Bernadette Laclais vice présidente Rhône-Alpes en charge des transports et le Préfet de Région. Face au président de RFF Hubert Du Mesnil, les échanges sont restés tendus pendant deux heures jusqu’à un accord final de principe : « Tout s’est joué dans les 10 dernières minutes » a expliqué le maire de Chamonix à son retour. Le but était de sortir de cette crise à la fin de la réunion et la délégation a  finalement arraché à RFF une garantie de mener les travaux dans les délais annoncés. En échange, les co-financeurs ont accepté de remettre au pot en gage de volonté de voir aboutir les choses.

 

De là sont nés 4 scénarios d’orientation des budgets oscillant entre 34 et 46 M€ afin de compenser le surcoût de 23 M€ inhérent à la seule réfection du tunnel des Montets.

Le plus plausible étant celui d’un trio  ‘’Voie / signalisation automatique / cadencement à la ½ heure sur parcours interne’’. 

Ce n’est un secret pour personne, la Région Rhône-Alpes sort régulièrement une « petite pièce »  de ses financements pour les projets ferroviaires à destination du volet « infrastructure » qui ne lui est pourtant pas dévolu. C’est donc ce qui se passera là encore ; mais on reste loin de l’absorption des 32,5 M€ du Conseil Régional prévus pour le développement des services (cadencement, gares) à des fin de faire supporter à l’AOT les frais d’un entretiens courant de l’infrastructure à défaut d’un RVB (Renouvellement Voie et Ballast) qui a faillit passer la trappe. Là dessus la Région n’a rien lâché à RFF.

 

 

 

Et ensuite ...

Le Comité de Ligne programmé le 7 décembre, il s’est déroulé normalement mais avec bien sûr en toile de fond le sujet des travaux. Ce fut l’occasion de découvrir Philippe Soleil désigné par RFF comme Directeur des opérations pour le dossier « Mont-Blanc Express ». Un interlocuteur de proximité qui devrait garantir une cohésion plus précise dans le déroulement et les modalités techniques d’exécution des travaux. Coté Cheminots et principalement de l’Unité Opérationnelle Voie de l’Etablissement Mont-Blanc, on perçoit là une ouverture.

Initialement exclus des études et des travaux eux-même, cette main d’œuvre locale aux compétences pourtant évidentes sur une ligne que RFF ne connaît finalement pas, pourrait être associée à une partie des travaux de voie, voir être consultée pour l’élaboration des opérations et des techniques à utiliser. Un volet social qui était presque passé inaperçu cependant mais auquel les cheminots de la vallée d’Arve veulent s’accrocher.

Ce CDL aura aussi été l’occasion de répondre à un souhait des cheminots représentés : Avancer la date du premier Comité de Ligne 2012 (devant présenter les travaux) pour bénéficier d’un délai confortable afin d’éditer les informations aux usagers et à la population.

 

Les bonnes étrennes du Mont-Blanc Express

Après la trêve de Noël, au lendemain même d’une signature importante d’un protocole d’intention de coopération commune SNCF – TMR à Chamonix (voir encadré), le nouveau Comité de Pilotage tant attendu s’est déroulé à Chambéry trouvant cette fois une issue positive même s’il restait à trouver une queue de budget de 5 M€.

Les partenaires se sont entendus fermement sur : le Renouvellement Voie Ballast selon les priorités recensées, la mise en place d’une signalisation automatique type MZ (comme sur les TMR) sur la totalité de la ligne SNCF, le renforcement de la fourniture d’énergie pour supporter l’augmentation des fréquences qui pourraient passer à moyen terme à la demi-heure sur une portion de l'itinéraire à définir. « Si un accord de principe a été donné par l'ensemble des co-financeurs, la recherche d'une ingénierie financière adaptée est encore en cours » rassurait Eric Fournier dans un communiqué sur le groupe Facebook « Sauvons notre train ». Mais la prudence reste de mise même si l’optimisme règne. 

Dernière ligne droite donc avant les grands chambardements annoncés puisque la ligne va fermer entre Chamonix et Vallorcine dès avril 2012 et jusqu’en décembre suivant. Le tunnel sera traité en premier et la voie dès juillet. Une seconde phase reste envisagée pour 2013 avec des travaux moins lourds réalisés entre Le Fayet et Chamonix également pendant 8 mois. Cependant, une portion de ligne entre Servoz et Les Houches reste préoccupante et pourrait être incluse dans le chantier de 2012 moyennant une interruption de 3 semaines minimum soit une fermeture totale de la ligne pendant cette courte période.

 

Le Mont-Blanc Express, bon pour l'environnement ... ?

Passé toutes ces étapes, il reste cependant à obtenir l’avis de l’Autorité Environnementale qui sera rendu le 7 mars. l'AE réalise une étude minutieuse de l’impacte de ce projet, positif et négatif, sur l’environnement, tant d’un point de vue bénéfice de l’opération pour l’amélioration de l’environnement que des moyens mis en œuvre pour les travaux eux-même quand à la protection de l’environnement pendant et après les chantiers. Un sujet sensible qui, on se souvient, avait été pointé du doigt lors des travaux de réhabilitation de la ligne du Haut-Bugey « Bellegarde – Bourg en Bresse ».

L’avis rendu s’il n’est qu’indicatif pourrait générer une révision de certains points du projet pour se rapprocher des recommandations. Pour Eric Fournier l’avis de l’A.E ne peut être que positif pour l’avenir du Mont-Blanc Express qui devient un vecteur fort pour les ambitions écologiques de la vallée qui s’est engagée dans le 1er Plan Climat des zones de montagne et qui participe aussi au Plan de Protection de l’Atmosphère (PPA) : "Nous voulons à travers cette dynamisation du transport ferroviaire, que nous avons déjà engagée, montrer qu’il est possible d’avoir un tourisme respectueux demain de l’environnement et des grandes masses touristiques que constituent nos sites du pays du Mont-Blanc".

Le chemin de fer pourrait bien tirer profit de l’avis de l’A.E car déjà sont évoqués les surplus de camions destinés à l’acheminement des matériaux le long de la ligne alors que le rail n’est pas envisagé pour ce faire dans les premières bases du projet technique. D’ici avril, il reste donc des points à éclaircir avant l’ouverture du chantier du siècle pour une ligne en quête d’avenir durable.

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Guillaume Pepy veut un duo intime SNCF - TMR
Hasard arrangé des calendriers ou pas, la veille du Comité de Pilotage des travaux de modernisation du Mont-Blanc Express, Guillaume Pepy était présent à Chamonix, faisant la Une de la presse locale mais aussi des médias régionaux télévisés et radio. Il ne s’était pas encore exprimé sur cette situation concernant pourtant une ligne à laquelle il s’est souvent répété être très attaché ainsi qu’à ses cheminots.

Sa venue était motivée par la signature d’un protocole d’intention de coopération approfondie et opérationnel dans le temps. En quelque sorte, il s’agissait de formaliser la coopération existante déjà entre TMR (transports Martigny et Région) exploitant la partie suisse de la ligne et la SNCF via l’Etablissement Mont-Blanc du Fayet dépendant de la Région SNCF Rhône-Alpes.

Sa directrice Josiane Beaud était justement présente accompagnée du directeur de l’EMB ainsi que Raymond Carrupt et Jean-François Lattion respectivement directeur général et président des TMR, sans oublier Bernard Monteil Président du CG 74, entre-autres. 

 

 

Photos ci-dessus et ci-dessous : Mairie de Chamonix Mont-Blanc. Service communication.

 

 

En mairie de Chamonix cette signature représente la certitude d’un appui incontestable de la SNCF dans le débat en cours même si les deux sujets ne sont pas intimement liés. 

Le PDG de la SNCF s’est voulu ‘engagé’ pour cette ligne : « La SNCF doit être au service de toutes les mobilités. On veut être aussi bon en construisant des lignes TGV au Maroc, que des TER en Auitaine ou cette ligne spéciale dans la vallée de Chamonix. Ce qui se passe ici aujourd’hui, est à la fois une première et un exemple ».

 

 

Cependant, peut de détails sur le contenu réel de ce protocole ont émanés autant de la SNCF que des TMR ce qui agace, autant coté cheminots et syndicats que du coté des élus.

La collaboration centenaire entre les deux exploitants s’est toujours bien passée avec une relation transfrontalière efficace. Mais le spectre d’une union trop étroite et d’une éventuelle fusion de certaines activités et disons-le, d’une privatisation, sème pourtant le doute dans les esprits et le discours de G Pepy ne rassure qu’a moitié même s’il a martelé que la SNCF était là pour toujours : « Nous passons d’une coopération opérationnelle à une coopération plus étendue, pour faire “comme si on n’était qu’un seul ”. Il y aura toujours la France et la Suisse, mais il faut qu’on sache faire l’addition du meilleur de Martigny et de Chamonix, comme si cette ligne ferroviaire était unique ».

Le PDG de la SNCF s’est ensuite rendu en gare où il a pu échanger avec de nombreux cheminots de tous services et redire la volonté qu’il avait de placer le Mont-Blanc Express au-devant de la scène.



30/01/2012
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