Sur la voie du Mont-Blanc Express

2009.12.26 Début des "grandes neiges"

Après ma première période de conduite, deux jours de repos m'ont épargné le déferlement des milliers de vacanciers dans les rames rouges et blanches depuis les TGV ou autres trains de nuit.


Après le déversement humain, c'est la neige en grande quantité qui est enfin venue envahir la région du Mont-Blanc, bien après une majeure partie du reste de la France entre le dimanche soir et le lundi matin. Pas moins de 20 ou 25 cm en plaine qui ont fait de ma journée de réserve une bonne matinée de labeur au déneigement des aiguillages et des cheminements du dépôt de l'EMB au Fayet.

Le lendemain matin, mon premier train m'a emmené jusqu'à Argentière après une nouvelle nuit d'averses neigeuses. Environs 40 cm au plus haut de la ligne. C'est donc ma première « conduite blanche » si on exclu ma seconde journée déjà effectuée dans un paysage blanchi. La montée dans la fameuse « Vallée Blanche » n'a jamais aussi bien porté son nom. De bas en haut la couche neigeuse est cette fois suffisante pour "noyer" la voie, dans son manteau blanc. C'est un peu plus que le 15 décembre, mais pas encore dans les mesures habituelles que l'on peut connaitre dès l'arrivée à Vaudagne ou aux Houches.  Le paysage pâle et semblant phosphorescent se découpe dans la pénombre et l'arrivée à Argentière se fait au petit jour. C'est une ambiance surréaliste et magique.

Dès la montée des Tines vers La Joux, le paysage est transcendé et la ligne semble se faufiler dans la neige en bas relief .... comme si elle s'écoulait au fond d'un lit mineur ... mais ce n'est rien encore !

 

Image plus terre à terre du chemin de fer en proie aux intempéries, un peu partout des équipes sont à la tâche tout le long de la ligne pour déneiger les aiguillages et les quais, déglacer les tunnels.  

 

Je croise également le "pointu", comprenez l'étrave emmenée par l'UM de Z 600. En fait, je suis reçu derrière lui à Servoz lors d'une descente vers le Fayet. A mon arrivée je croise un autre TER et le pointu s'est avancé devant moi en bout de gare. (la photo) Lorsque mon "croiseur" est parti, le pointu vient prendre sa place sur la voie d'à coté et me laisse champ libre pour continuer.


La journée se passe assez bien et quelques éclaircies viennent agrémenter mes allers-retours. Partiellement débarrassé de certaines appréhensions et fort de beaucoup d'encouragement lu sur ce blog, je prends peu à peu de plus en plus de plaisir à être assis aux commandes. Beaucoup de gestes sont bien plus fluides et automatiques ce qui n'empêche pas de rester en alerte et vigilant. D'autant que la neige a laissé un rail parfois glissant et la manière de conduire est bien différente, plus délicate parfois alors que l'on doit toujours rattraper quelques minutes ci et là. Il faut gérer chaque freinage en mixant le frein pneumatique qui prévaut sur voie enneigée, tout en y associant le freinage électrique lorsque le risque d'enrayage est minime. Les façons de mixer tout cela sont aussi différentes qu'il y a de gares ou d'arrêts.

Le premier passage à Montroc et Vallorcine me confirme le caractère exceptionnel et privilégié d'un tel « job ». La sortie du tunnel des Montets et la plongée vers le Buet est magnifique. Un désert blanc qui vous baigne de lumière dès le franchissement du portail de l'ouvrage, du blanc à perte de vue et une voie qui affleure à peine de la neige fraîche. Je profite des attentes de croisement pour tirer quelques cliché, assez rares encore dans mes dossiers photos perso.

"Arrêt à Montroc"

                                        

                                                                                                                                                "La tête sud du tunnel mixte

                                                                                                                                                         des Montets à Montroc"

 

"Croisement d'une Z 800 aux Tines"


Après une journée intense mais agréable, le retour au Fayet m'amène à me raccorder sur une autre rame qui va transporter une centaine d'enfants et parents pour la train du père Noël. A l'approche, je me concentre pour réaliser en toute sécurité l'opération d'accostage (maximum 3 km/h à l'impact). Je sais que toute ma petite famille vient participer à ce train spécial et je me dis qu'ils sont certainement là à me regarder, sûrement très fiers de leur papa. Mais je reste fixé sur l'avant de mon train car je sais que si je lève les yeux et que je les aperçois, je vais avoir une montée d'émotion dont j'ai très envie, mais la qualité de mon travail prime. 

Et ils étaient là effectivement, je l'ai su après, assis à l'avant dans la rame stationnée et me faisant de grands signes derrières la cloison de séparation de la cabine de conduite, que j'aurais pu apercevoir en face de moi.

Je passe la main pour ma fin de service et repars pour un tour mais cette fois en simple « papassager » pour ce joli train du père Noël, très belle idée des dirigeants de l'EMB. Et quoi de mieux que le Mont-Blanc Express comme traîneau du père Noël, rouge et blanc, glissant sur un tapis de neige !

                                                                                                                            

                          

                     "Le père Noël offrait autant d'émerveillement que de cadeaux"

 

                               "Goûter offert par la SNCF aux

participants du train du père Noël"

                                 


Mais cette journée n'est qu'une mise en bouche et je vais vite m'en apercevoir dès le lendemain matin ... à suivre au prochain épisode !



26/12/2009
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