Sur la voie du Mont-Blanc Express

2011.09.03 Fermetures de lignes pour travaux

La haute saison touche à sa fin et la magnifique ligne du Mont-Blanc Express va entrer comme chaque automne dans une période de travaux d'entretien nécessitant la fermeture d'une partie de la ligne pour une durée longue appelée aussi "massification".

Malgré la modernisation qui s'annonce pour 2012, l'Etablissement Mont-Blanc va réaliser certains travaux de reprise de voie à divers endroits sur la partie "haute" entre Chamonix et Vallorcine.

 

La ligne sera donc fermée du 19 septembre au 7 octobre prochains entre Chamonix et Vallorcine. Une substitution par autocars TER sera mise en place pour remplacer tous les trains sur ce parcours. Attention, des modifications d'horaires d'arrivées et de départs en gare de Vallorcine peuvent intervenir. Se renseigner aux guichets et dans les gares de St Gervais ou Chamonix. Ces autocars seront accessibles de la même manière que les trains. pour La Joux, l'arrêt se fera en contrebas de la halte ferroviaire sur la route départementale, près des tennis couverts. La gare de Montroc ne sera pas desservie directement mais par correspondance avec un autre service routier. Les correspondances entre les cars TER et les trains TMR seront assurées normalement à Vallorcine. De même qu'a Chamonix, les correspondances entre les autocars TER de et vers Vallorcine et les trains venant et arrivant de St Gervais seront assurées dans les horaires habituels.

 

Une belle courbe rajeunie.

Cette courbe est l'une des plus jolie du parcours, à savoir qu'elle offre un des plus fantastique panorama sur toute la chaine du Mont-Blanc, du glacier d'Argentière au col de Voza de part une orientation (rare) de la ligne nord-sud. Le plus gros travail reviendra à reprendre entièrement la grande courbe entre la sortie de gare d'Argentière et la galerie paravalanche N° 5. Un tronçon court de seulement  500 m mais qui a subit au sorti du dernier hiver de fortes déformations d'une infrastructure encore équipée de vieux rails LP datant de la construction de la ligne. Comme beaucoup de parties d'origine, ce court tronçon n'offrait plus qu'un confort limité à son franchissement malgré une vitesse de seulement 35 km/h à cet endroit. Sans compter que c'est aussi péjorable pour le matériel roulant.

Depuis quelques mois déjà la préparation s'est faite au fur et à mersure avec dépot en bord de voie des nouveaux rails plus gros et de traverses en bois neuves. Certes, l'ouvrage semble peu important au regard de la faible longueur traitée mais n'oublions pas que le profile de la ligne avec une déclivité de 7 % à cet endroit n'autorise pas de moyens mécanisés lourds comme sur voie normale RFF. Le travail se fait encore à force d'hommes avec des outilages portatifs certes mais qui, eu égard aux grandes compétences et au savoir-faire des "gars de la voie", n'atteint pas la précision et surtout le débit de travail de l'électronique embarquée sur n'importe quelle bourreuse ou autre engin de reprise de voie.

C'est certainement la dernière grosse reprise de voie qui sera réalisée sur le haut de la ligne avant la modernisation. Pendant la première phase de ce vaste chantier, la partie basse pourrait quand à elle subir encore quelques travaux du genre à titre d'opérations d'entretien programmés jusqu'à sa fermeture pour modernisation jusqu'en 2013 si le calendrier est tenu.

 

Une automotrice Z 800 débouche de la courbe des "Ziers" à l'entrée d'Argentière.

 

La portion Argentière - Vallorcine sera à nouveau fermée l'an prochain pour une très longue période, du 2 avril au 30 novembre 2012, pour entrer cette fois dans une ultime phase de régénération totale et la remise à niveau de sécurité et structurel du tunnel des Montets.

 

 

Un point de la ligne, particularité historique.

La courbe d'Argentière relève d'un historique anecdotique particulier dans le projet de construction initial. En effet, dans la nuit du 29 au 30 avril 1905, un séisme de magnitude 5,7 sur léchelle de Richter secoue les vallées de Chamonix et Vallorcine avec un épicentre situé sous les Aiguilles Rouges (le même qui nous fait vibrer régulièrement dont une dernière secouse datant d'août dernier).

Un événement qui a rapidement relevé des craintes avancées quand au tracé de la ligne entre les Pk 28,065 et 28,600 positionnés sur les morraines résiduelles du glacier d'Argentière. Car c'est justement ce passage qui est en proie, suite au séïsme, à des désordres géologiques avec ouvertures de crevasses  et jaillessements de sources hydrauliques entrainant de gros éboulements.

Par principe de précaution, l'ouverture de la deuxième tranche de la ligne, "Chamonix - Argentière", est retardée de presque 1 an malgré un aléa rencontré au-delà de la gare d'Argentière vers Montroc. Le tracé est alors modifié suivant une variante appelée "des Ziers". Ce tracé fait alors passer la voie ferrée plus au nord, près du village, en fond de plaine à l'écart des contreforts de l'Aiguille Verte suivant une courbe devant alors être érigée sur un important remblais évitant aussi les restes morainique du glacier. Une modification d'un coût supplémentaire de 30 000 Frs de l'époque.

Un remblais aujourd'hui toujours solide mais qui au regard de son volume n'échappe pas aux contraintes mécaniques normales d'un tassement vertical influant directement sur la géométrie de la voie au fil des années. D'autant qu'à l'époque les moyens de tassement et de compactage artificiels des remblais étaient inéxistants. A comparer, un tel remblais pourrait aujourd'hui être garanti à un tassement naturel presque nul comme c'est le cas sur les Lignes à Grande Vitesse françaises pourvues d'un très grand nombre de remblais parfois 3 ou 4 fois plus importants que celui d'Argentière. Il faut bien comprendre qu'une voie ferrée même posée avec qualité est subordonnée à l'état du terrain sur lequel elle repose. La création d'une plateforme ferroviaire est comme pour la route une science exacte et précise; mais ça l'était déjà au début du XXème siècle avec des moyens techniques évidemment bien moins évolués, le savoir-faire "humain" étant alors resté un élément constant au fil du temps et régulièrement enrichi par l'appréhension des technologies nouvelles.

(sources historiques : "Le Mont-Blanc Express ou l'invention du tourisme alpin" de Pierre-Louis Roy aux éditions Glénat).

 

A noter enfin que que les TMR vont également procéder à une fermeture totale de leur ligne entre Châtelard (Vallorcine) et Martigny du 26 septembre au 2 décembre 2011. Un service d'autocars des TMR ou postaux reprendra le trafic dans sa totalité.



03/09/2011
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